Voici un titre un peu long à retenir, Je ne suis pas celle que je suis, pour un roman très intéressant. Deux récits alternent. D'une part les séances de psychanalyse d'une Iranienne réfugiée en France, suicidaire, et qui ne sait plus qui elle est réellement. D'autre part la jeunesse de Dyona, jeune Iranienne confrontée dans son pays au statut d'éternelle mineure dans lequel on maintient la femme, à l'absence de liberté, à la torture: que peut-on faire dans un pays où ceux qui vous ont violée peuvent vous condamner à mort parce que violée?
Malgré ce que peuvent laisser croire ce résumé et cette situation tragique, le roman ne sombre pas dans le désespoir. Le psy est vu par des yeux ironiques et a bien du mal à s'y retrouver lui-même. Dyona est une fille surdouée, pleine d'énergie, qui adopte une attitude de garçon manqué pour vivre, tente de se faire entendre malgré le régime politique et religieux iranien, et fait des rencontres inattendues.
On retrouve ici l'héroïne, ou sa soeur jumelle, d'un autre roman de Chahdortt Djavann: Comment peut-on être Français? Comment peut-on tout simplement exister lorsqu'on est surveillée continuellement, qu'on est voilée, que toute sa vie est régie par des codes que l'on n'a pas choisis?