C'est tout à fait une coïncidence mais ce petit livre est une lecture de circonstance pour un 1er novembre!
La narratrice a quitté le Vietnam et n'a plus revu son père pendant vingt ans. Elle a communiqué avec lui par lettres, "communiqué" n'étant pas le mot qui convient tant elle était absorbée par une relation amoureuse dévastatrice, une maladie mortelle, pour un homme marié et égoïste. Elle rompt et apprend juste après la mort de son père. Dans Lettre morte, un monologue poétique et déchirant, elle confie à un ami son désespoir, le sentiment de perte, le remord...
Il me semble que j'entends encore le chant des oiseaux, les cris des enfants devant les cages et la voix douce de mon père qui le soir me lisait des contes. Tout cela, je l'ai perdu. Et parmi les mille visages de l'enfance, c'est celui-là que je continuerai à chercher longtemps: le visage serein des jours tranquilles (...)
Les plus belles phrases, rythmées au souffle de la douleur, sont consacrées à son père:
Il n'y a pas de spectacle plus triste, Sirius, qu'une jeune femme au bord d'une tombe ressassant ses pertes. Imagine-la, elle courbe la tête, ses genoux fléchissent, ses yeux sont secs, mais les larmes noient son coeur (...) Son enfance gît dans cette tombe au bord de laquelle elle se tient.
Un texte de Linda Lê qu'on imaginerait bien écouter au théâtre.