Elle t'écrivait, Solem, tous les mots qu'elle n'avait jamais su dire; elle t'écrivait la solitude et l'ennui; et l'impuissance à soulever ce manteau de grisaille; elle t'écrivait l'indifférence et l'insouciance devant tant de douleur; elle t'écrivait la vanité des jours passés dans l'ombre de la maison silencieuse, à attendre que le temps s'écoule et que le soir arrive. Non! Pas le soir justement, pas les soirées interminables à se demander que faire, en attendant de s'écrouler pour quelques heures de sommeil et d'oubli. D'oubli? Tu le lui avais déjà dit, Solem, on n'oublie pas et on ne se débarrasse pas de l'empreinte du passé. Tu le lui avais dit. Et elle ne voulait pas le croire. Elle t'écrivait tandis que la pluie inondait les champs et qu'ailleurs on se battait. Tu lui disais de boire moins. Et elle se répétait, Solem, elle se répétait tes conseils. Mais le ciel était gris, les attentats se multipliaient et l'on avait peur, le soir, de sortir. Sortir d'ailleurs lui pesait de plus en plus. Comme si elle devait entrer sur scène: un moment de concentration, allez, il faut y aller. Après on oubliait où l'on était. Solem, elle t'écrivait du lieu de sa dérive. Elle aurait voulu un jour faire le deuil de tous les échecs et de tous les renoncements. Elle buvait. Tu le lui avais déjà dit, Solem, on n'oublie pas et on ne se débarrasse pas de l'empreinte du passé. Alors elle se souvenait.
Commentaires
C'est non étonnée de te savoir écrivain que je te rends visite, mais je pensais que ce blog était plus fait de voyages... pieds sur terre, pieds à terre...
J'aurais mieux fait de ne pas penser et te visiter plus tôt!
c est frequent cette envie d allonger ses maux en mots sur piot bout de papier lorke ces mots remplient de maux ne peuvent sortire autrement merciiiii encore de vous lire bne continuation