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Titre du blog : en chemin
Auteur : christineb
Date de création : 27-07-2011
 
posté le 10-12-2011 à 21:40:47

Rando poche, 7 décembre 2011

Une rando libre, une rando-livre, une rando-poche, avec un livre, un livre de poche, un livre dans la poche du sac à dos, dont on parle, que l’on se prête…

 

 

       Françoise E. propose un gros livre: Quatre Soeurs, de Jimisho Tanizaki. Cette chronique familiale évoque les années 1935-1940, période où le Japon s'ouvre à la modernité. Dans une famille bourgeoise qui a subi des revers de fortune, chacune de quatre soeurs suit sa destinée, oscillant entre respect de la tradition et ouverture vers le monde du travail et une vie amoureuse plus épanouie, voire tumultueuse. Il ne se passe pas grand chose dans ce roman qui fut d'abord publié en feuilleton, même si l'ouvrage ne semble pas correspondre aux règles du genre, mais on est pris par l'histoire. En effet, ce qui est intéressant, c'est de découvir le Japon de l'époque, la vie quotidienne.

 

       Françoise F., elle, nous recommande l'histoire d'une femme médecin, La Miresse, à Nîme au XVIè siècle. Madeleine Tiollais décrit le combat de cette femme pour devenir médecin, ce qui, à la Renaissance, était admis. Un roman très intéressant.

 

        Gisèle a apporté un roman publié il y a trois ans: Démon, de Thierry Hesse. Le héros, grand reporter, s'intéresse aux catastrophes naturelles. Marqué par les non-dits de son père, il découvre à la mort de celui-ci que ses grands-parents étaient des Juifs russes qui ont diparu lors de la seconde guerre mondiale.Pour comprendre ce qui s'est passé, il part en Tchéchenie et combattra  contre les Russes. C'est un roman dense, tant au niveau de la narration que du style.

 

       Michèle a cherché ce qui pouvait nous rapprocher de Sète où nous étions ce jour-là.

Elle a pensé au roman de Christian Ligier, La Nuit de Faraman. Faraman, c'est un phare près des Saintes Maries de la Mer. Mais il n'est pas question de ce phare et l'auteur a volontairement brouillé les pistes, mélangeant lieux et histoires. Et là est l'intérêt du roman car on ne peut s'empêcher de chercher. Quelle est cette ville sur une lagune: Sète? Mais cette même ville, secrète, fermée, n'est-ce pas  Nîmes? En effet, la ville a un secret: elle s'est brodé une image glorieuse, elle a défendu la République. Pourtant, un Italien  Marco, épris d'une archiviste qui n'est autre que la fille du maire,  va mettre à jour une vérité bien différente. Est-ce une référence à la nuit du 17 août 1893 où des travailleurs italiens des Salines furent massacrés à la suite d'une dispute? ou, comme le propose Françoise, à la nuit de la Saint Michel, où, deux ans avant la Saint Barthélémy, des catholiques, arrêtés par les protestants,  furent massacrés et jetés dans le puits de la cour de l'archevéché, épisode connu sous le nom de Michelinade?  On peut voir l'emplacement de ce puits devant le musée des Beaux-Arts de Nîmes.

 

        Quant à moi, j'ai exposé mes réticences à l'égard du roman Limonov (cf article dans ce blog), mais aussi mon intérêt, ravivé par les dernières élections en Russie. Et il semble bien, à voir le débat qui a suivi,  qu'Emmanuel Carrère ait autant de défenseurs que de déçus...

 

       Enfin, Joëlle, qui n'a pas pu se joindre à nous, propose la lecture de Terre des oublis,  de Duong Thu Huong (2009). Cette écrivaine vietnamienne est exilée en France depuis 1991 après avoir dénoncé les atteintes à la liberté d’expression et aux droits d’homme dans son pays. Terre des oublis  fait revivre les valeurs ancestrales familiales et sociales  dans un hameau de montagne au nord du Vietnam  et rend hommage à une jeune femme remarquable, Miên, qui symbolise la passerelle entre le respect de la tradition et les aspirations d’un peuple qui veut vivre libre. C’est aussi une ode à la beauté des paysages avec de superbes descriptions des odeurs, des couleurs, des sons. Quant  à l’histoire, elle est très attachante. Mien a épousé, à la veille de la guerre du Vietnam, Bôn, un garçon de son village. Il est porté comme disparu. Miên se remarie avec Hoan venu de la ville; ils forment un couple admirable avec leur fils, vivent très bien grâce à leur travail de planteurs d’épices... jusqu’au retour inopiné de Bôn. Miên, contrainte à respecter la tradition,  quitte le confort de sa vie pour rejoindre son premier  mari malade et misérable.  On suit avec plaisir le parcours de Miên pour devenir un être responsable de sa vie