Je n'avais jamais lu de roman de Jean Christophe Rufin, même si j'avais déjà entendu parler de l'écrivain et du médecin; et, en général, les romans historiques m'ennuient, à l'exception de ceux qui parlent du XXème siècle. C'est donc un peu par hasard que j'ai acheté Le Grand Coeur et je ne l'ai pas regretté.
L'histoire se situe entre le Moyen-Age et la Renaissance, sous le règne de Charles VII. La France sort des désastres de la guerre de cent ans et la paix favorise le goût du luxe et de l'abondance. Une période faste commence alors sous l'impulsion d'un visionnaire, Jacques Coeur, bourgeois de Bourges, qui va développer le commerce dans toute l'Europe et avec l'Orient, faisant fortune en même temps qu'il permet au roi d'affirmer sa puissance. Jusqu'au retournement de situation... eh oui, le pouvoir est jaloux de ses prérogatives et ingrat.
Ce roman érudit permet, à travers le récit que le héros attachant fait de sa vie, de ses rêves, de mieux comprendre le passage à la modernité. Il rappelle aussi que l'ambition, l'argent, "l'hyperactivité" ne sont pas tout dans une vie.
(...)je sais aujourd'hui qu'il me manquera toujours l'appétit, l'inquiétude, l'impatience qui me tendait jadis vers l'instant suivant et m'empêchait de vivre pleinement le présent. Cette agitation m'avait bel et bien quitté. J'étais tout entier là, sur cette route poussiéreuse, au sommet de cet éperon rocheux qui dominait la mer ou dans ce jardin, près d'une fontaine claire. Mon corps et mon esprit avaient été si altérés de cette liberté que je m'en enivrais. j'engouais les beautés du monde comme un homme assoiffé colle sa bouche à la source fraîche. Je vivais un bonheur pur.