Ce long titre, Arrachez les bourgeons, Tirez sur les enfants, est un titre terrible pour ce roman paru en 1958.
Encerclés par des villageois qui gardaient le silence, saisissant fermement les armes, nous sommes descendus par un chemin étroit qui traversait la forêt sombre et humide. Montant du fond de la forêt, des craquements d'écorces gelées, le discret bruissement des petits animaux en fuite, le chant strident des oiseaux et leur soudain froissement d'ailes nous assaillaient et nous ont cloués au sol à plusieurs reprises. La nuit, la forêt était une mer agitée dans le calme.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des adolescents d'une maison de correction japonaise sont envoyés dans un village vite déserté par ses habitants car une épidémie de peste sévit. Ils sont victimes de la cruauté des adultes:
- Ecoute, un gars comme toi, il vaut mieux l'étrangler quand il n'est encore qu'un enfant. Les minables, il vaut mieux les égorger au berceau. On est des paysans, nous: on arrache les mauvais bourgeons dès le début.
Pourtant en faisant l'expérience de la peur, ils font aussi celle de l'amitié, de la solidarité, ce qui évoque confusément pour moi un roman lu il y a très longtemps: Sa Majesté des mouches de William Golding paru en 1954 - et ce n'est peut-être pas un hasard si ces deux romans parlent de la cruauté des hommes et de la civilisation à la même époque. Le récit de Kenzaburô Oé, fait par l'un des enfants, est sans concession, bouleversant.
Personne ne répondait. Les oiseaux et les bêtes étaient également silencieux dans la forêt derrière moi. Ils se tapissaient à l'ombre des arbres et des plantes, épouvantés par le pressentiment funeste d'un désastre qui allait frapper le village, et prêtaient l'oreille aux cris d'un enfant d'homme. Mes cris étaient aspirés par les oreilles sans fond de ces bêtes silencieuses sans jamais parvenir à mon frère en fuite. Hé, hé, reviens, hé, ne va nulle part, hé!
Commentaires
Mon Dieu, mais quelle horreur!je n'arrive plus à lire ce genre de livre...
J'ai rencontré une Japonaise charmante hier soir à la fiesta.(vivant à Barcelone, mariée à un espagnol):on a papoté un moment ,en français, anglais, espagnol:il y avait du "beau monde " puisque tous les collaborateurs étrangers de l'entreprise étaient invités.Un truc grandiose!J'ai pu parler de mon amie qui partait au Japon.Bonne journée.Bise.
Bonsoir!
Comme tu le dis, terrible!!
Bisous