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Titre du blog : en chemin
Auteur : christineb
Date de création : 27-07-2011
 
posté le 13-07-2012 à 09:57:31

Naissance d'un pont, de Maylis de Kerangal

       Naissance d'un pont a reçu le prix Médicis en 2010 mais je ne le découvre qu'aujourd'hui. Et c'est une bonne surprise. Coca est une ville d'un pays imaginaire (la Californie selon la 4ème de couverture mais on pense aussi au Brésil),  partagée par un fleuve. D'un côté une ville moderne mais endormie, de l'autre les Indiens, à

l'orée de la ville et la banlieue de la forêt.

       Un politicien ambitieux, le Boa, décide de réveiller sa ville et de la rendre célèbre par   la construction d'un pont spectaculaire. Maylis de Kerangal raconte cette histoire sous la forme d' une épopée. L'écriture est dense, à la hauteur du pont et du projet romanesque.

Coca est promesse de grande vie. On y vient de loin, le corps impatient avec au fond des poches de quoi voir venir pour seulement quelques jours; alors turnover des hommes et des désirs, joues brûlantes et pupilles bouillantes, rues rapides comme des moteurs centrifuges et gratte-ciel ouverts sur le ciel dispendieux de la bonne fortune: puissance effective du territoire. On y croise ce qui fait le gros bouillon d'une ville, on y entend les spasmes du béton et la scansion violente des coeurs immergés dans la turbulence commune.

       Mais il s'agit d'une aventure humaine. On croise dans ce roman des individus, Diderot, Katherine, Summer (de très belles pages sur son souvenir d'un dimanche sur le lac de la porte Dorée), Soren, Sanche le grutier, et bien d'autres, que les hasards de la vie rassemblent  sur le chantier et dont le destin parfois bascule.

C'est le mouvement même du pont, son caractère souple et vivant qui se joue là, dans la pure réalité de l'acier, et il  (Diderot, un des personnages principaux) se penche sur cette question avec l'ardeur que l'on met à finir un travail. Les équipes des métalliers s'activent à l'horizontale, et assemblent la travée, plaque après plaque, mille neuf cents mètres de long sur trente deux de large, c'est un travail mécanique, souder, boulonner, boulonner, souder. Seamus et Mo font équipe et travaillent sans se parler, ont réglé tous leurs gestes avec précision, c'est une chorégraphie.