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Je m'appelle Lotte et j'ai huit ans, d'Anne B. Radge

       Ce roman norvégien raconte l'été d'une fillette dont les parents ont récemment divorcé. Comme le titre, Je m'appelle Lotte et j'ai huit ans, l'annonce, le récit, même s'il est écrit à la troisième personne, témoigne des sensations et des sentiments intimes de la fillette.: admiration pour son père qui, lui, a surtout hâte de refaire sa vie,  avant qu'elle ne constate sa lâcheté, ambivalance des sentiments envers sa mère, dépressive, injuste, mais dont elle partage le sentiment d'abandon.

       Heureusement il y a les grands-parents paternels, la grand-mère surtout, qui finira par comprendre ce que ressent Lotte au cours de cet été où elle aura beaucoup mûri.

Lotte renifle, un long reniflement qui se termine par un sanglot. Grand-mère se retourne et Lotte vient enfouir son visage contre son corps en la serrant très fort; ses mains n'arrivent pas à faire tout le tour. Sans cesser de remuer dans la casserole, grand-mère lui caresse le dos avec sa main restée libre. Elle la caresse un bon moment.

Anne B. Radge, dans des chapitres qui racontent alternativement des scènes de la séparation et des moments de cet été  à la campagne, fait ici un récit sensible, j'ai envie de dire "impressionniste".

Dans deux semaines elle part. Sur les lames vernies du plancher, il y a des visages dans les noeuds du bois. Bientôt, sous sa couette à Trondheim, elle repensera à cet instant; le cliquetis régulier du métier à tisser, le feu qui crépite, l'odeur de la viande salée et de la laine, l'épaisse lirette sous son ventre(...) Le temps pourrait s'arrêter ici et maintenant, avec le visage de sa grand-mère traversé par la chaîne et concentré sur le mouvement de la navette à la queue en laine touffue.