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Rouge Brésil, de Jean-Christophe Rufin

       C'est avec beaucoup de retard que j'ai lu ce roman, Rouge Brésil, puisqu'il est paru en 2001. Jean-Christophe Rufin décrit l'échec lamentable d'une tentative de colonisation française au Brésil à la Renaissance. On y voit la dureté de la vie des voyageurs au long cours, la cruauté des adultes qui se servent des enfants, des colons avec les indigènes, des hommes ambitieux ou cupides. On y trouve aussi en toile de fond les guerres de religions entre protestants et catholiques et leur absurdité, ainsi que le désir humain d'imposer sa loi à toute la nature.

       Heureusement tout n'est pas négatif dans ce roman. Il y a d'intéressantes personnalités, comme celle de Villegagnon dont on pourrait croire qu'il possède quelque humanité si son évolution ne prouvait le contraire; celle  de Colombe surtout, la jeune fille courageuse, qui se fait passer pour un garçon et choisit sa propre voie: elle rejoint les Indiens pour une vie plus saine et plus heureuse. 

Une pluie fine, hors de saison, remplissait la plage d'une buée tiède qui ne mouillait pas le sable en profondeur. En sautant de la pirogue, Colombe et les Indiennes riaient encore de la frayeur qu'elles avaient causée aux deux huguenotes. Nue, enduite d'une mince pellicule de sueur, d'embruns et d'eau de pluie, Colombe était encore exaltée par l'action et le danger. Elle se sentait heureuse d'avoir acquis la liberté non seulement dans le vaste espace du monde mais aussi sur le minuscule endroit où elle avait été si longtemps refusée. De plus, elle la partageait et voyait avec plaisir les Indiennes perdre leurs gestes de soumission, retrouver les antiques prudences de la forêt, toucher des troncs vivants, des feuilles, des racines, rentrer dans l'univers palpitant de la jungle.

       La fin du roman est magnifiée par  le vision du jeune couple, Just et Colombe, apaisés, dans une baie elle-même pacifiée.

Une adaptation télévisée a été diffusée en 2013.