Voici un auteur que je ne connaissais pas: Alice Zeniter. J'en ai entendu parler à la radio parce qu'elle a reçu le prix du livre Inter 2013. Et c'est bien mérité, à mon avis.
Ce roman, qui se déroule en Hongrie, raconte l'histoire d'une famille enfermée dans son petit univers, dans sa maison cernée par les voies de chemin de fer, privée de liberté par l'idéologie communiste. Même la chute de ce régime ne suffira pas: il est trop tard, trop difficile pour qu'Imre, le héros, suive l'évolution de la société et des moeurs, dans un pays qui s'ouvre à l'Occident. Les femmes, elles, se battent et parfois renoncent, tant c'est difficile. Ainsi, Agi,la soeur d'Imre, devenue la maîtresse d'un enseignant français à l'étranger:
Tout le monde voulait Etienne, parce qu'il était professeur, parce qu'il était étranger, parce qu'il était jeune, et même Agi finissait par comprendre à quel point il était difficile pour lui de repousser toutes les offres sous lesquels il croulait.
Voici un roman bien écrit, et malgré l'humour noir, tout en délicatesse:
La naissance de Greta adoucit l'atmosphère dans la maison de bois. Elle devint le centre de toutes les préoccupations. Imre se privait de sommeil, simplement pour la regarder. la délicatesse et la beauté de sa miniature l'enchantaient. Il était extraordinairement fier. (...) Lorsqu'il voyait le souffle du bébé soulever ses minuscules poumons, les mécanismes du petit corps lui paraissaient tellement complexes qu'Imre ne comprenait pas comment il avait pu participer à la conception. Il avait l'impression d'être le premier homme à avoir achevé ce miracle,la production d'un nouvel être vivant.
Sombre dimanche est aussi un roman poignant.
Elle avait peut-être soixante ans. Son corps conservait encore dans les grandes lignes la forme d'une femme mais, vu de près, il montrait des faiblesses. La peau se boursouflait par endroits: aux fesses, à la jointure de la poitrine et des aisselles, au menton. On aurait dit des piqûres d'insecte. A d'autres endroits en revanche, la gorge, les seins, la peau semblait s'être vidée. C'était un sac aplati, inutile. Pourtant, malgré les manques et les trop-pleins dus à l'âge, il y avait une féminité dans ce corps qui refusait de s'épuiser. Les sandales à talon soulignaient la cambrure du dos. Depuis l'extrémité de la piscine, dans le brouillard de ses yeux abîmés, Imre n'avait vu que la femme, pas la vieillesse.
Commentaires
Bonjour
Je ne connais pas non plus, mais je dois dire, je lit des trucs plutôt étranges! LOL
Bisous
Bonjour !
Eh ben dis donc, tu est une grande lectrice ! Quand je vois tout ce que tu lis, je me dis que je ne lis rien du tout moi !
Bonne journée, biz
bonsoir ma petite Christine,
je te souhaite un agréable week-end.
Mon séjour est super.
Je t'embrasse