A la mort du roi Dodrometou, Bangra, un esclave, prend le pouvoir. Il séduit le peuple des Kebo, réputé pourtant pour sa sagesse, qui en vient à le vénérer. Et le pouvoir tourne la tête à celui qui de libérateur devient dictateur. Il donne une bonne éducation à son fils préféré, Saho, qui est séduit par le mode de vie moderne des Ame-hi. ce que Bangra ne supporte pas.
Il se fâche parce que vous le savez déjà, nous lui avons demandé d'instaurer l'usage de la monnaie dans nos échanges comme dans les autres royaumes. Ensuite notre exigence de permettre à d'autres commerçants de venir s'installer afin qu'il y ait concurrence est maintenue! La concurrence, vous comprenez! Ce royaume veut la monnaie comme tous les autres, car on raconte aussi que c'est l'élément instigateur de la concurrence. Il paraît que c'est là la source du bonheur des hommes; et nous autres Kebo sommes assez évolués pour nous servir de la monnaie comme moyen de dépense. Nous voulons vivre comme d'autres hommes et le roi ne l'ignore pas. Pourquoi s'oppose-t-il à cela?
Ce roman est un conte philosophique de Gabriel Koum Dokodjo, auteur togolais, à la manière de l'histoire des troglodytes, dans Les Lettres Persanes, de Montesquieu, au XVIIIème siècle. Ou lorsque Jean-Jacques Rousseau commençait son Discours sur l'origine de l'inégalité ainsi: lorsqu'un homme dit : ceci est à moi...
Saho le sage, après avoir longtemps refusé le pouvoir, finit par accepter de gouverner . Mais la cupidité est la plus forte et il se laisse à son tour corrompre. Mémoire d'un trône, ou l'impossible démocratie?
Les Kebo s'interrogent:
Ils se demandaient s'ils devaient continuer à vénérer leurs dieux ou se confier à eux-mêmes. Peu de gens comprirent qu'il ne fallait obéir qu'aux lois des dieux et qu'ici bas, seul le travail et la quête de l'état d'homme guidant vers la perfection était l'unique missin dévolue.Peu de Kebo savaient que les dieux pouvaient les inspirer mais que tout effort au travail devait être engagé par eux-mêmes.
Les éditions Haho ont démarré leurs activités en 1983 et constituaient à cette époque une oeuvre sociale et autonome de l'Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo. Elles avaient pour vocation d'oeuvrer à l'éclosion d'un littérature nationale.