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Fukushima, de Michaël Ferrier

       Cela faisait quelques mois que j'avais Fukushima en réserve, sans vraiment envie de le lire: une catastrophe de plus, déjà passée, de quoi plomber le moral...

Pourtant je n'ai pas regretté.

       Michaël Ferrier était en 1991 à Tokyo et ce qu'il raconte, c'est son expérience. Un récit en trois parties:

- Le tremblement de terre à Tokyo qu'il vit avec sa compagne, séisme aux conséquences incalculables.

On va affiner les calculs mais d'après certains collègues, le séisme du Tohoku a libéré une énergie vingt-quatre mille fois plus forte que la bombe atomique larguée en 1945 à Nagasaki.

- Un voyage sur les zones dévastées par le tsunami, pour essayer d'apporter un peu d'aide aux sinistrés.

Non loin de là, dans une zone interdite, dont l'entrée est gardée par des baraquements de bois et des camions militaires, quelques points jaunes trouent la nuit. Ce sont des lumières laissées allumées au moment de fuir et qui brûlent maintenant, nuit et jour. Repères fixes et inutiles pour des villes désormais invivables.

Cette ville a disparu. Elle n'existe plus que sur les cartes routières et dans la mémoire des morts. Il ne reste que la peur.

 - Une réflexion sur les conséquences de la catastrophe nucléaire.

(...) à quoi bon les normes si ce n'est pour les transgresser? En avril, il (le ministère de la santé et du Travail) fera encore mieux: il élèvera la dose maximale pour les enfants à vingt millisieverts par an... ce qui est tout simplement le taux maximum en France (...) auquel ont peut exposer les travailleurs du nucléaire!

C'est une castrophe lente, diluée, une catastrophe continuée.

Ce document est impressionnant, intéressant et - loin de moi l'idée de ternir ce début d'année mais... -  la menace est toujours d'actualité!

Ôe (Kenzaburô Ôe, prix Nobel de littérature en 1994) avait cette formule magnifique, à laquelle on ne peut que souscrire encore aujourd'hui: "Cet endroit moderne et lumineux est bel et bien le royaume des morts".