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Titre du blog : en chemin
Auteur : christineb
Date de création : 27-07-2011
 
posté le 26-04-2015 à 17:12:35

La soudure, d'Alain Guyard

       Alain Guyard (le 6 novembre 2011, j'avais rendu compte du roman La zonzon) utilise une langue argotique et moderne, drôle, à la hauteur des personnages populaires et marginaux qu'il met en scène. Mais en même temps, le professeur de philosophie qu'il est n'oublie pas la réflexion, la culture, ni l'engagement. La première phrase donne le ton:

- "Propriété... privée"... Mais privée de quoi?

       La soudure raconte une histoire d'amour et de délinquance entre Cindie, soudeuse d'ailes fantasmagoriques, et Ryan, chef d'une bande de voleurs de voitures. Attention: pas des petites voitures, de celles qu'on revend sur le continent africain, non; mais de belles grosses voitures à destination des pays de l'Est... Cependant, comme souvent, il y a un rival, la jalousie, la vengeance. On croise  des personnages haut en couleurs, de jeunes paumés généreux et enthousiastes, des Arabes, les trois cousins Ben Barka, des Nîmois, maître Cube, le président Burnier, des Gitans... et même Le Cheval de Troie!

Les Johnny souffrent un peu de la discrimination, comme on le déplore dans les journaux, parce que ce sont des Manouches. Mais le petit gros, Rambo Patrac, jeune propriétaire de la décharge, est d'un bon caractère, guère rancunier, et il s'applique à toujours mieux s'intégrer dans la société française: il croit dans le Dieu des chrétiens, fait des enfants à sa femme, mange au McDo, supporte l'OM, cherche à gagner toujours plus d'argent, et gruge son prochain dès qu'il le peut.

       La société condamne les individus à cause de leur pauvreté et du manque de culture.  Tiger et Ryan en prison découvrent la philosophie et  cette dernière est une arme.

Car vous ne cherchez pas la merde à celui qui vous menace avec plus de vocabulaire que vous n'en maîtrisez (...) 

La culture est un second soleil pour les hommes cultivés.

Les surveillants mangeaient leur képi de rage, car s'ils les punissaient, cela voulait dire qu'ils punissaient la culture, et donc qu'ils passaient pour des abrutis.Et s'ils les laissaient libres, ils s'inclinaient devant l'insulte, reconnaissant par conséquent son bien-fondé, et passaient également pour des abrutis.

 

 

Commentaires

seringa le 30-04-2015 à 17:41:17
Coucou,

Nous avons eu l'occasion de passer une soirée géniale avec Alain G. Un personnage atypique plus que charmant, un être passionnant !

Son engagement dans les cafés philosophiques, dans les prisons, est extraordinaire.

Ta présentation me donne vraiment envie de découvrir ce roman.

Bon w-e du premier Mai.

Un gros bisou. Seringa.