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L'imposteur, de Javier Cercas

       Le personnage principal de cet ouvrage, L'Imposteur, existe réellement. Enric Marco a été un symbole de l'anarcho-syndicalisme espagnol, président des parents d'élèves de Catalogne, président de l'amicale de Mauthausen, association de déportés, avant qu'en 2005 un historien ne révèle son imposture: il avait falsifié des documents pour se faire passer pour un déporté.

       Qui est ce curieux personnage? C'est ce que s'est demandé Javier Cercas, peu à peu fasciné par cet individu enthousiaste et actif,  représentatif de la société espagnole: contre le franquisme au début de la guerre civile, se faisant oublier ensuite, épousant les modes comme celle  du souvenir de la déportation après la mort de Franco. Bref appartenant toujours à la majorité.

(...) en réalité l'objectif de Marco était de faire la une et satisfaire ainsi sa médiapathie, son besoin d'être aimé et admiré et son désir d'être en toute occasion la vedette de sorte qu'un jour il pouvait dire une chose et le lendemain son contraire, et surtout il pouvait dire aux uns et aux autres ce qu'ils voulaient entendre.

Mû par un irrépressible besoin de se mettre en avant, Enric Marco a défendu de façon brouillonne mais généreuse, des causes qui pouvaient être justes.

 Marco opère comme un romancier (...) l'élan qui pousse Marco à inventer, de même que l'origine de ses mensonges, est identique chez un romancier.

Ce qui pose une autre question: peut-on mentir pour une cause juste? Y a-t-il des mensonges nécessaires?

(...) nous jouons tous un rôle; nous sommes tous qui nous ne sommes pas

       Javier Cercas, avec son habituel souci du détail, montre  l'indignité de cet individu sans pour autant le condamner: qui n'a jamais menti? Et lui-même en tant que romancier...

Le romancier est profondément insatisfait de sa vie; non seulement de sa propre vie, mais aussi de la vie en général (...)