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Les vies de papier, de Rabih Alameddine

       Une libraire à la retraite, à Beyrouth, philosophe sur sa vie passée et présente. Pour cela elle émaille ses réflexions de citations tirées de livres qu'elle a en général aimés et d'anecdotes sur les auteurs. Dit comme ça, ce roman n'est pas très attirant. Pourtant la verve d'Aaliya attire vite la sympathie. Elle n'a pas sa langue dans sa poche pour critiquer ses compatriotes libanais, sa famille, sa mère qui avait le souci de plaire à son deuxième mari et ne lui a pas témoigné d'affection, ses piplettes de voisines, sa ville si souvent tourmentée par des guerres.

Parfois je me dis que je regarde ma vie passée en portant des lunettes dont les verres ont été remplacés par une solamire* de soie grise.

(* Étoffe à claire-voie dont on garnit les tamis)

       Divorcée de celui qu'elle nomme le moustique amorphe, à l'appendice défaillant, sans enfants, elle s'est toujours défendue seule. Elle évoque aussi son amie Hannah qui avait cru à l'amour et lui a confié son journal intime.

Et puis elle a un secret: chaque année, à l'aide de traductions anglaise et française, elle traduit un livre étranger en arabe. Les Vies de papier, ce sont ces vies racontées dans des livres. 

       Mais un jour elle se trompe de dosage en utilisant un schampooing colorant et se retrouve avec les cheveux bleus, elle doit décider du nouveau livre à traduire, sa mère se met à hurler en la voyant... et sa parfaite organisation déraille. Pour la suite, il faut lire le roman de Rabih Alameddine jusqu'au bout et la fin en vaut  le coup.