J'ai déjà parlé de Javier Cercas, auteur espagnol. Dans L'anatomie d'un instant, il analyse en détail la tentative de coup d'état du 23 février 1981, lorsque des militaires ont envahi le parlement à Madrid. Dans L'imposteur, il raconte comme Enric Marco, responsable syndical, président d'associations, entre autres de déportés, a bâti toute sa carrière en se faisant passer pour un républicain ayant lutté contre le franquisme pendant la guerre civile...
Dans Le monarque des ombres, l'auteur évoque la figure d'un grand-oncle, mort à 19 ans sous la banière phalangiste. La guerre n'est pas belle:
Ce n'est qu'à quatorze heures qu'ils réussirent enfin à prendre le contrôle total de la cote, qui n'était plus qu'une dévastation fumante, couverte de poussière, de cendres et de gravats et où pas un seul arbre ne demeurait debout.
Cependant, la bataille n'avait pas touché à sa fin; en réalité, le pire était encore à venir.
Qui était en vérité Manuel Mena: une gloire pour une partie de sa famille ayant soutenu le franquisme? une honte pour les républicains? Quelles étaient ses motivations? Javier Cercas montre au fil de son enquête auprès de proches souvent très âgés vivant encore dans le village d'Extrémadure où la famille résidait, ou en plongeant dans les documents de guerre, que les choses ne sont jamais simples. Il découvre peu à peu la personnalité de Manuel Mena, un héros pour sa mère, dont on a tressé la légende et dont il était un peu jaloux. Personne n'est tout noir ou tout blanc; la dignité, le courage, peuvent être dans chaque camp même si la cause est mauvaise. On ne sait pas toujours à quoi on s'engage, lorsqu'on s'engage pour une idée, dans un mouvement.
L'oncle Manuel n'est pas mort pour la patrie, maman. Il n'est pas mort pour te défendre toi et ta grand-mère Carolina et ta famille. Il est mort pour rien, parce qu'on l'a trompé en lui faisant croire qu'il défendait ses intérêts alors qu'en réalité il défendait les intérêts des autres, et qu'il mettait sa vie en péril pour les siens alors qu'en réalité il le faisait pour les autres. Il est mort à cause d'une bande de salopards qui empoisonnaient le cerveau des jeunes et les envoyaient à l'abattoir.
Nous sommes au début des année 1930.
La Seconde République ne pouvait s'offrir le luxe de commettre des erreurs, en tout cas, pas des erreurs majeures; le fait est qu'elle en a commis un grand nombre, majeures comme mineures: elle agit avec candeur, avec maladresse, parfois avec dogmatisme et presque toujours avec davantage de bonne volonté et d'ambition que de prudence, entreprenant les réformes de grande ampleur dont le pays avait besoin mais en le faisant de manière simultanée et non successive ou échelonnée(...) générant des attentes impossibles à satisfaire(...) Ce fut une erreur néfaste. Car frustrés et exaspérés par la lenteur des réformes et par l'intransigeance sans failles de la droite, les humiliés et les offensés commencèrent à se méfier des méthodes démocratiques de la République et entamèrent un processus de radicalisation(...).
On connaît la suite de l'histoire espagnole et européenne.
Commentaires
Bonjours christine
Une page bien * Douloureuse mais un Bel Hommage pour ne pas que tt ceux ci :
Soit dans les Oubliettes
Bisous à toi et merci.
Bonjour Christine
un page d'histoire bien triste
Avec amitiés
René de Chine
Bonsoir Christine
Pas trop envie de lire ce livre...
Pour les oiseaux sur mon blog, c'était une mauvaise manip. (je n'avais pas vu)
Bonne soirée
Bises
Bonsoir Christine, tellement douloureux ces guerres civiles où de jeunes hommes sont enrõlės, il est important de se rappeler ces faits tragiques de l histoire ...
Merci Christine, bon vendredi, fanfan
Une part trop sanglante de l'Histoire de l'Espagne ...Florentin