VEF Blog

Titre du blog : en chemin
Auteur : christineb
Date de création : 27-07-2011
 
posté le 11-01-2019 à 20:04:53

Berlin, 1933, de Daniel Schneidermann.

       Le sous-titre de Berlin, 1933 est: La presse internationale face à Hitler. En effet, Daniel Schneidermann, journaliste lui-même, étudie les réactions des journalistes en Allemagne au moment de l'avènement d'Hitler au pouvoir  et la façon dont les jourrnaux ont traité les informations. Jusqu'en 1941 en effet il y eut des correspondants qui durent s'accommoder de la censure et de la propagande nazie. Le constat n'est pas brillant.

Le déni de la "solution finale" a commencé dès l'hiver 1933. Appliquant des méthodes industrielles, le meurtre changera de nature. Mais les graines de l'incrédulité et de l'indifférence générales auront été semées dès 1933.

       Dans leur ensemble les journaux ont minimisé ou passé sous silence les exactions commises par les SS ou SA, l'extermination programmée des opposants et des juifs, les objectifs réels des nazis. Parfois ces journalistes étaient manipulés, voire admiratifs du régime hitlérien, parfois ils ne disaient pas la vérité pour pouvoir rester en place à Berlin. Daniel Schneidermann parle de saisissement et d'abattement. Ils sont pris entre un pouvoir élu légalement, l'enthousiasme d'une partie de la jeunesse allemande, et la terreur, la répression qui frappe aux portes et peut les atteindre. Ils n'ont pas non plus les images que l'on aura des camps après la guerre: difficile d'imaginer et donner à voir l'inimaginable.

Pour tout journaliste, avouer sa sidération est inconsciemment ressenti comme une faute professionnelle. Le journaliste ne doit pas seulement raconter. Il doit faire comprendre. Et pour faire comprendre, il doit d'abord comprendre lui-même.  Et s'il ne comprend pas, il doit faire semblant. Tout, plutôt que d'avouer qu'il ne sait pas, qu'il ne comprend pas.

        Quant aux patrons de presse, ils montraient autant de méfiance à l'égard de nouvelles alarmistes. Il fallait des preuves! Curieusement même les patrons de presse juifs (comme dans le cas du New York Times) n'osaient pas dire la vérité de peur de paraître partisans.

       C'est un ouvrage intéressant, dense, un peu décousu: il m'a fallu beaucoup de temps pour le lire. Mais il fait aussi réfléchir à la presse aujourd'hui et plus généralementà la façon dont fonctionnent les médias: qu'est-ce qui est prioritaire par exemple comme information? Que met-on en Une? Une tragédie chasse l'autre, on oublie, on cherche ce qui plaira au lecteur, au téléspectateur, on s'accoutume. J'ai entendu par exemple au mois de décembre l'interview d'un député venu discuter sur un rond-point avec des gilets jaunes. A la fin (d'une ou deux minutes je pense) le journaliste signalait comme une anecdote que certains gilets jaunes n'étaient pas venus discuter car d'autres les avaient menacés de mort, les accusant de compromission avec les politiques. Qu'est-ce qui était prioritaire et aurait mérité un développement: la discussion ou le fait qu'en démocratie on puisse être menacé de mort parce qu'on discute? 

 

 

 

Commentaires

coquelicot76 le 12-01-2019 à 17:10:16
Bonjour Christine, pas facile le métier de journaliste mais je suis d accord avec ta conclusion, ils ne traitent pas toujours de sujet essentiel...

Bises et bon week end, fanfan
Florentin le 12-01-2019 à 15:56:54
Pas facile d'être journaliste. Surtout journaliste politique. Faut-il être neutre,seulement préoccupé du factuel, garder pour soi ses opinions et rester objectif ? Faudrait. Mais comment rester objectif quand on doit expliquer, trouver des raisons, tirer les leçons des événements ? Très difficile de rester dans la vérité. L'essentiel est de savoir la couleur du journal qu'on lit. On ne va pas chercher la même chose dans Le Figaro que dans L'humanité, pour prendre les deux extrêmes. Bises et bon week-end. Florentin
PINPREnelle le 12-01-2019 à 12:19:12
bien moi suis née en 38

bon toujours mistral je savais pas pour le gard

rire aller bon samedi

amitié
banga le 11-01-2019 à 22:22:54
Bonsoir Christine pourquoi n'ont ils rien dit hé bien écoute on se le demande encore , enfin si on le sais mais bon je ne dirai rien ici car c'est un sujet qui reste encore très tabou , je suis complétement d'accord avec ta conclusion , et je rajouterai que l'histoire se reproduis en ce moment petit à petit un peut partout en Europe après on ne pourra pas dire on ne savait pas lol je viens de lire un billet sur un G+ Russe hé bien ce n'est pas triste là bas tout est bâillonné niveau presse et liberté , la liberté est juste réservé à une minorité de riche qui sont proches de POUTINE les oligarques et les religieux , bref comme à l'époque des grands tsars , bref on à du mouron à se faire.

Je te souhaite une bonne fin de soirée et un très bon week end bises.