VEF Blog

Le voyage du vieux canapé, de Pierre Jourde

       Les  deux frères Jourde et l'épouse de l'un d'entre eux  doivent, à la demande de leur mère, transporter un canapé ayant appartenu à une grand-mère détestable, jusque dans leur maison familiale en Auvergne. C'est l'occasion de dialoguer, de se moquer, de se disputer et d'affirmer la fraternité qui les unit. Ce roman, amusant, passant du coq à l'âne, n'est pas toujours fin, mais on se laisse prendre. Pierre Jourde parle des petits détails, des moments où on a l'impression d'être en face de grandes catastrophes qui finalement ne seront pas grand chose.

(...) c'est fou, le nombre d'attentes angoissées dans toutes ces histoires (...) Le monde alentour disparaît, on se réduit à une attention fixe, obsédée par le signe qui viendra tout résoudre enfin. Et puis, lorsque cela se produit, tout reprend sa place, le décor se recompose, le mouvement reprend comme si rien ne s'était passé, on oublie.

        La description des acadaméciens est un moment savoureux, d'humour pince sans rire, à la Voltaire.

La vingtaine de marches leur prend autant de temps que s'il s'agissait de la face nord des Grands Jorasses. Ils s'agrippent à la rambarde, se tiennent les uns aux autres, crochètent désespérement tout ce qui passe à portée de leurs mains tavelées et noyées de rides, tout branlants, tout tremblotants, on se dit que si l'un fait un faux pas, c'est la cordée qui va basculer dans le vide.

       D'ailleurs Le voyage du vieux canapé s'inspire des écrivains du XVIIIème siècle, de Diderot en particulier. Pierre Jourde installe un jeu entre l'auteur, le narrateur, le lecteur,  l'époque de l'écriture et celui de l'évènement...

       Ce roman joyeux se termine  par un hommage émouvant à cette mère qui finalement aura permis ce voyage.