en chemin

Tokyo, mercredi 3 octobre

158km plus au sud: Tokyo. La ville que je redoutais et que j'aurais volontiers effacé du programme. Ville tentaculaire, 12 560 000 habitants, c'est dire; des lignes de métro publiques et privées, un dédale... En fait pas vraiment. Et dès le début, passé un moment de flottement à la jonction du train et du métro pour arriver au Sakura Hotel (où nous sommes très bien accueillies), je deviens fan de cette ville qui mélange si bien tradition et modernité.

Pourtant, le premier jour, ce n'est pas gagné : il pleut  et les déceptions se succèdent.

Dans le secteur du Jardin Impérial, le musée d'Art Moderne est fermé et celui de l'Artisanat où se retrouvent quelques touristes  qui ne savent où aller par ce temps, propose de jolies expositions (porcelaine, cuivre) mais pas de collection permanente.

Qu'à cela ne tienne, poussons jusqu'au musée d'Art contemporain Mori: il est logé dans un luxueux immeuble et nous foulons de nos chaussures humides les moquettes, inspirées de Champ de coquelicots de Monet, du couloir nommé, sans rire, Rue de Rivoli: là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe...

Mais... le musée est fermé! Pourtant nous aurons  le plaisir de traverser les jardins superbes situés juste derrière la Mori Tower.

Tout le Japon pour moi soudain est là: le pont rouge, le jardin, l'eau, la pierre, l'architecture moderne...

Et puis le soir, après avoir contourné le Jardin Impérial, du palais nous n'apercevrons que quelques lueurs, sous la pluie... il y a la récompense, tempura et soba, la succulente et raffinée cuisine japonaise... 

Oku-Nikko moor, mardi 2 octobre 2012

Oku, si j'en crois mon dictionnaire de Japonais signifie les profondeurs. Et moor en anglais, la lande. Nous nous rendons aujourd"hui en effet dans l'arrière pays, au nord de  Nikko, en bus: première étape, le lac de Chuzenji (à 1269m d'altitude, d'une profondeur de 163m et d'une circonférence de 25km), et surtout la spectaculaire cascade de Kegon-no-taki, haute de 97m.

Nous longeons à pied un moment le lac Chuzenji pour remonter, comme... les saumons, le cours de l'eau et un autre bus nous conduit à Yumoto Hot spring (1485m d'altitude) dont la source d'eau chaude aurait été découverte par Shodo, le fondateur de Nikko, en 788.

A partir de là, c'est une descente à pied sous le signe de l'eau: eau du  petit lac Yu-no-ko (3km de circonférence)

... eau de la cascade de Yutaki, l'une des trois cascades célèbres de Oku-Nikko, 70m de hauteur,  où se cacherait la figure d'un dieu...

... eau enfin de  la cascade de Kotaki, dans un cadre charmant, l'automne commence à peine

On aperçoit le mont Nantai (2486m)

On traverse  la steppe sur un sentier de planches

On longe la rivière Yukawa

 Et à l'arrivée, un petit réconfort? des  sauterelles grillées?

Non merci...Ne gâchons pas par une expérience culinaire hasardeuse cette très belle et, quand on ne rencontre pas les horde d'écoliers, calme randonnée!

Nikko,Takino'o path, lundi 1er octobre 2012

Quittons les sites fréquentés tant par les croyants que les touristes ou les hordes d'écoliers en uniforme... pour continuer la visite sur un site plus bucolique.

Après le temple-mausolée de Taiyuin on s'enfonce dans les bois, on retrouve le calme, les

 grands arbres sacrés, certains vieux de 250 à 300 ans,

 le silence troublé seulement par le bruit de l'eau,

Chemins pavés de grosses pierres moussues, lavées par les violentes pluies de la veille... On monte d'un site à l'autre, d'une surprise à une autre,

d'un petit temple à une pierre dotée de pouvoirs ou à  une "fontaine de saké",   

d'un chien avec son "bavoir" rouge aux six statues de bouddha dans le rocher...

pour arriver au jardin  - même si  les beaux jardins, ce sera pour plus tard - du musée.

Et puis le soir, on repasse à côté du Pont Rouge pour traverser la rivière , on s'arrête devant une porte qui ne laisse rien voir de l'intérieur, et surprise: un petit restaurant, Hippari Dako, aux murs et au plafond tapissés de cartes de visite, de petits mots laissés par les visiteurs, des billets du monde entier, des plans de métro de Paris ou Londres, et même des cartes d'électeur,  et surtout la gentillesse de la patronne et de délicieuses yakitori, des brochettes de poulet... 

Nikko, lundi 1er octobre 2012

Continuons la visite des temples, puisque nous sommes dans un site célèbre...

 Et d'abord se purifier:

Les fontaines sont nombreuses et jolies. Celle-ci, la fontaine sacrée du mausolée Rin-ni-ji Taiyuin, est dotée d'un élégant toit de cuivre porté par 12 piliers de granite.

On franchit des porte, des torï:

et on affronte les gardiens effrayants...

On suit des processions de lanternes

On se déchausse, on se rechausse pour admirer l'architecture des temples:

et les décors animaliers:

Un moine frappe deux morceaux de bois et l'écho résonne dans les cornes du dragon qui gémit... ; une cérémonie se tient au milieu du brouhaha des visiteurs.

 N'oublions pas  les offrandes: de l'huile et du saké

ni les prières et voeux de tout sorte...

Nikko, 1er octobre 2012

Donc, fuyant le typhon, nous sommes arrivées un soir plus tôt que prévu à Nikko, à 728km au sud d'Hakkodate, 7 heures de train et trois changements après: en passant par le tunnel de Seikan long de 54km, des rizières, la montagne, les gares de Sendai et Fukushima dont nous ne verrons rien, une urbanisation plus dense... 

Le soir tout est fermé à cause du typhon, nous trouvons cependant un restaurant pour dîner et le lendemain matin, temps calme;  en route pour une plongée dans le Japon des temples. Autant le dire tout de suite,  cet univers "religieux" m'est apparu comme essentiellement étonnant,  choquant, plein de superstitions, et surtout commercial. Peut-être comme Lourdes en France... Tu payes, tu te déchausses, tu regardes, tu te rechausses, tu payes... Les Japonais prient, non sans avoir versé leur obole avant, ils versent aussi des centaines de yens pour faire un voeu, pour connaître leur avenirdans des petites enveloppes promettant amour,fortune, achetant pendantifs, pochettes en tissu ou autres pacottilles... Cette mise au point faite, on voit de fort belles choses, on peut bien visiter un château de la Loire sans être royaliste...

Alors commençons par le fameux pont rouge , le Shin-Kyo, au-dessus de la rivière Daiya... dont l'accès est payant, on se demande pourquoi 

 A l'entrée de chaque temple une fontaine où se purifier et où l'on trouve de beaux spécimens de dragons

Pas de photos (interdites) du premier sanctuairee,  celui de Rinnö-ji, d'ailleurs en travaux, où l'on voit  trois magnifiques statues dorées de Bouddhas. Dans le sanctuaire de Tôshô-Gû, la pagode à 5 étages:

Le shintoïsme - les Japonais pratiquent  en majorité à la fois le boudhisme et le shintoïsme - est une religion proche de la nature.

 un gardien de l'entrée d'un sanctuaire...

A moins que ce ne soit celui-ci...

La tâche n'est pas toujours facile semble-t-il

Le trio ci-dessous est célèbre; leurs noms signifient respectivement:  je ne dis pas le mal, je ne vois pas le mal, je ne fais pas le mal; trois principes de l'école tendai

(Selon  Wikipedia: Créée en 805 par le moine Saichô, l'école Tendai est la forme qu'a prise au Japon l'école chinoise Tiantai du bouddhisme mahayanique, fondée par le religieux Zhiyi (538-597) de la dynastie Sui. Elle constitue depuis son apparition une composante importante et influente dubouddhisme japonais)

Philosophie ou hypocrisie?...