en chemin

       Dans Remonter la Marne, Jean-Paul Kauffmann raconte son voyage à pied depuis Charenton-le-Pont où la Marne rejoint la Seine jusqu'à Balesmes où la Marne a sa source: un long voyage en terres plus ou moins connues.

       Il livre ses observations sur les villes et les villages traversés, certaines localités connues comme Château-Thierry (où vécut Jean de La Fontaine), Epernay, Saint-Dizier... et d'autres dont on ignore tout. Une carte en 2ème et 3ème pages de couverture est la bienvenue. Il parle de ses rencontres, du passé militaire et guerrier de cette région entre Paris et l'Allemagne, des riches vignobles de Champagne et des campagnes qui se désertifient, de la crise économique et comment on s'adapte, ici ou là à tous les changements.

       Il évoque l'influence de l'eau sur le payage mais aussi sur le marcheur, le fleuve qui toujours dérobe quelque chose au regard, le fleuve qui lui inspire de très belles  lignes.

A quelques mètres de la pierre vivante, l'eau surgit enfin d'une fontaine telle qu'on en voyait au temps des bergers d'Arcadie. La Marne en coulait doucement. Je me suis approché d'elle. Dans le vallon aux violentes  odeurs telluriques, elle me murmurait: " Enfin, tu es là. Tu en as mis du temps!" Que pouvais-je répondre? J'ai joint mes deux mains pour la recueillir.

Elle avait un goût étrange de menthe et de mousse, pur et coupant. 

Une petite fée m'a apporté au jour de l'an un curieux bulbe avec quelques feuilles: quelle fleur allait naître?  

Un jour, un gros bouton est apparu qui a donné de très belles fleurs, si lourdes qu'il m'a fallu coincer le pot avec un gros livre pour qu'il ne se renverse pas.

Ces fleurs n'étaient pas encore fanées qu'un autre bouton est sorti; et les fleurs ont duré longtemps... C'était un joli cadeau!

Amaryllis est une bergère de la littérature antique puis des romans et madrigaux du XVIIe siècle. Elle était l'archétype de la belle femme.

       Anatomie d'un instant a été publié en 2009 en Espagne (et traduit en France en 2010, tu avais raison, Gisèle) soit 28 ans après les évènements qu'il décrit: le coup d'état  du  23 février 1981. Des militaires investissent ce jour-là le parlement espagnol, à Madrid, et enjoignent aux députés de se jeter à terre. Seuls trois hommes refusent d'obéir, trois hommes tout à fait symboliques: Gutiérrez Mellado, général qui a participé au gouvernement démocratique contre lequel il avait d'abord lutté du temps de Franco;  Santiago Carillo, emblême de la résistance communiste contre le franquisme; et surtout Antonio Suarez, le premier ministre démissionnaire, qui a permis la transition démocratique, le passage de la didacture franquiste à la monarchie parlementaire, avant de devenir impopulaire. L'auteur  compare ce dernier, c'est surprenant et amusant, aux héros  des romans français du XIXè siècle 

(...) l'ancien arriviste du franquisme, le Julien Sorel ou Lucien Rubempré ou Fréderic Moreau des années soixante finit se drapant de la dignité du héros de la démocratie.

       A partir des images vidéo tournées dans l'hémicycle, et grâce à de nombreux documents, Javier Cercas analyse de façon détaillée les raisons du coup d'état mais aussi et surtout les motivations de ces trois hommes, les raisons  politiques comme psychologiques qui les ont poussés à montrer un tel courage, à adopter cette attitude héroïque.

Borges a-t-il raison et est-il vrai qu'un destin, aussi important et compliqué soit-il, dépend en réalité d'un seul instant, l'instant où un homme sait pour toujours qui il est?

       C'est une approche très intéressante d'un évènement politique et historique et sa réflexion dépasse le seul évènement.

Les défauts privés d'un homme politique sont-ils des qualités publiques? Peut-on arriver au bien grâce au mal? (...) Politique et morale sont-elles incompatibles et l'expression morale politique est-elle un oxymore?

       Dans ce roman paru en 1992, nous découvrons comment le philosophe Friedrich Nietzsche et le docteur Breuer inventèrent la thérapie par la parole. Il s'agit bien sûr d'une fiction qui s'inscrit dans un contexte historique bien réel, l'atmosphère antisémite de Vienne à la fin du XXème siècle. Et Nietzsche a pleuré nous rappelle les tourments du philosophe en train d'élaborer une oeuvre maîtresse, Ainsi parlait Zarathoustra, on voit les prémices de la psychanalyse tandis que Sigmund Freud est encore un tout jeune médecin.

 Avez-vous vécu votre vie? Ou bien est-ce votre vie qui vous a vécu? L'avez-vous choisi? Ou avez-vous été choisi par elle? L'aimez-vous? Ou la regrettez-vous?

       Irvin Yalom, psychiatre américain, en profite pour rappeler quelques règles de vie: choisir et accepter sa vie, voire l'aimer.

Je ne sais que vous dire d'autre, sinon que, grâce à vous, je sais maintenant le secret d'une vie heureuse est d'abord de vouloir ce qui est nécessaire, et ensuite d'aimer ce qu'on a voulu.

       Une fois n'est pas coutume, je me suis plongée dans un gros roman policier. Goldstein se passe dans le Berlin de 1930. Goldstein, c'est le titre et c'est aussi le nom d'un des personnages, un gangster américain dont la venue dans la capitale allemande met la police en émoi.On croise alors la pègre bien sûr, des policiers verreux, des SA, des juifs qui essaient de se faire oublier, des communistes qui manifestent contre le chômage, des jeunes gens misérables et perdus... Le commissaire Rath aura bien du mal à faire la lumière sur les intentions des uns et des autres...

       Je trouve que l'intérêt du roman réside dans l'atmosphère de la villeque Volker Kutscher montre bien, l'agitation sociale qui y règne du fait de la crise économique, la montée du nazisme.

       A la fin, on aimerait savoir ce que deviendront ses personnages attachants et quel avenir l'arrivée d'Hitler au pouvoir leur réserve. Ce qui montre qu'au terme des quelques 600 pages, on n'est toujours pas lassé,au contraire!