Je l'avoue, j'ai lu Dieu voyage toujours incognito en diagonal et en sautant un certain nombre de pages. Au début, pourtant, c'était amusant: un jeune cadre américain installé à Paris se considère comme un raté et décide de se suicider. Il est sauvé par un mystérieux et richissime individu qui entreprend de lui donner confiance en lui: par exemple, en n'acceptant plus qu'on lui vende la baguette la moins cuite de la fournée à la boulangerie, en réclamant toujours autre chose, et en ressortant de la boutique sans avoir rien acheté. Bel exercice pour les timides! Et puis qui est ce bienfaiteur? Mais ensuite, Laurent Gounelle s'enlise dans les démonstrations psychologiques; et les situations invraisemblables (même si le monde de l'entreprise est bien décrit) se poursuivent jusqu'au dénouement lui-même. Dommage!
Les vaches de Staline est un roman violent, bouleversant, qui a été publié en 2003. Sofi Oksanen avait alors 26 ans. Deux récits s'entrecroisent: celui, cru, que fait l'héroïne, Anna, atteinte de boulimiraxie, ses tentatives pour se contrôler et sa descente en enfer:
Ces questions (celles que lui pose son petit ami sur ses goûts) me faisaient perdre pied. Le Petit Chat se noyait purement et simplement. J'étais comme ça, c'est tout.
Le second récit raconte comment la mère d'Anna, Katariina, a fui l'Estonie soviétique en se mariant avec un Finlandais pour qui elle restera une étrangère. Evidemment, l'histoire de la mère éclaire peu à peu le comportement et l'anorexie de sa fille:
Les affamés (...) On dit aussi que tels des réfugiés, ils ne peuvent pas s'empêcher de se sentir traquer par une force maléfique.
A travers ces deux personnages, on découvre l'histoire de l'Estonie, envahie par les Allemands puis par les Russes, depuis la seconde guerre mondiale jusqu'au passage à la société de consommation, le marché noir , la prostitution, les trahisons, la méfiance et la peur partout, l'émigration, la méfiance et la peur toujours. Et tout près la Finlande, bien pensante, mais pas forcément plus claire dans ses choix, ses relations avec la Russie et avec ses émigrés estoniens.
Le monde a changé et les enfants d'émigrés sont condamnés à vivre avec la nostalgie d'un pays rêvé et à jamais perdu:
Mais quand même.
Ne serait-il pas merveilleux de partir à Tallinn avec Hukka, de regarder la mer depuis le bateau et de se promener sous les lilas? Ne serait-il pas merveilleux de s'embrasser dans le parc de Kadriorg ou dans les champs de la région du Läänemaa au soleil couchant sous la stridulation des criquets? Ne serait-il pas merveilleux de lui montrer le cimetière où toute ma famille est enterrée depuis des siècles, ne serait-il pas merveilleux de lui montrer que c'est là que je viens? Que c'est ça que j'aime?
Si seulement j'avais pu (...)
2011: Dimanche 2 octobre
L'itinéraire suit le bord de mer ou presque. 13 km environ et 500m de dénivelée positive et une succession de montées et de descentes.
Après le Cap Cerbère et le phare solaire, nous grimpons par un sentier raide jusqu'au Coll dels Belitres où se trouve un mémorial de l'exil: près de 350 000 réfugiés espagnols, fuyant la dictature franquiste passèrent par ce col.
On descend ensuite vers Port Bou d'où l'on remonte au Col des Frares (ce n'est pas le même qu'hier).Puis on suit un sentier en balcon entre figuiers de Barbarie et chênes kermes. On descend sur Colera... et on remonte au Col San Antoni. Petit détour, avant d'arriver à LLança, par la presqu'île de Cap Ras: l'eau claire des criques, l'odeur des pins au soleil, les mouettes...
et la vue jusqu'au Cap Cerbère... d'où nous venons.
2001: Mardi 3 avril
C'est une très longue étape qui nous fait passer directement, par le Col de Torn, de Banyuls à Llança, en Espagne.
2011: Samedi 1er Octobre
L'étape est moins longue qu'il y a dix ans et bien différente, mais elle fait tout de même environ 14km et 820m de dénivelée positive. Et la température extérieure n'est pas la même...
Le chemin s'élève depuis Banyuls jusqu'au Col du Gran Bau et au Col de Cerbère. Sur le chemin de crête, nous cherchons en vain à identifier ce que le guide appelle un "orri". Nous découvrirons ensuite qu'il s'agit d'un abri de pierres, une capitelle en somme. Nous atteignons la Tour de Querroig (671m) à côté de laquelle flottent les drapeaux européen et catalan.
Les rochers et la chaleur accroissent la fatigue et un peu de repos s'impose...
La végétation est rase, quelques vendangeuses jaunes ou mauves, des buissons épineux, des genêts. Et toujours d'un côté, en France comme en Espagne, la mer (on aperçoit Cerbère, le terme de l'étape du jour, mais aussi le cap Creüs, dernière étape), de l'autre la chaîne des Pyrénées, bleutée de brume. La descente est raide et sans ombrage; après un peu d'hésitation au Col des Frares, nous rejoignons Cerbère; la ville est coupée en deux par le formidable mur de la voie ferrée. L'hôtel surplombe la mer. Ah! la fraîcheur du clapotis...
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