en chemin

       C'est avec beaucoup de retard que j'ai lu ce roman, Rouge Brésil, puisqu'il est paru en 2001. Jean-Christophe Rufin décrit l'échec lamentable d'une tentative de colonisation française au Brésil à la Renaissance. On y voit la dureté de la vie des voyageurs au long cours, la cruauté des adultes qui se servent des enfants, des colons avec les indigènes, des hommes ambitieux ou cupides. On y trouve aussi en toile de fond les guerres de religions entre protestants et catholiques et leur absurdité, ainsi que le désir humain d'imposer sa loi à toute la nature.

       Heureusement tout n'est pas négatif dans ce roman. Il y a d'intéressantes personnalités, comme celle de Villegagnon dont on pourrait croire qu'il possède quelque humanité si son évolution ne prouvait le contraire; celle  de Colombe surtout, la jeune fille courageuse, qui se fait passer pour un garçon et choisit sa propre voie: elle rejoint les Indiens pour une vie plus saine et plus heureuse. 

Une pluie fine, hors de saison, remplissait la plage d'une buée tiède qui ne mouillait pas le sable en profondeur. En sautant de la pirogue, Colombe et les Indiennes riaient encore de la frayeur qu'elles avaient causée aux deux huguenotes. Nue, enduite d'une mince pellicule de sueur, d'embruns et d'eau de pluie, Colombe était encore exaltée par l'action et le danger. Elle se sentait heureuse d'avoir acquis la liberté non seulement dans le vaste espace du monde mais aussi sur le minuscule endroit où elle avait été si longtemps refusée. De plus, elle la partageait et voyait avec plaisir les Indiennes perdre leurs gestes de soumission, retrouver les antiques prudences de la forêt, toucher des troncs vivants, des feuilles, des racines, rentrer dans l'univers palpitant de la jungle.

       La fin du roman est magnifiée par  le vision du jeune couple, Just et Colombe, apaisés, dans une baie elle-même pacifiée.

Une adaptation télévisée a été diffusée en 2013.

Quelques brins de bonheur pour le joli mois de mai...

Cette randonnée fait 13,5km et environ 350m de dénivelée cumulée. Elle offre de jolies vues sur la ville et les environs d'Anduze.

Une parie de la randonnée, balisée en jaune, est décrite dans le carto-guide: Autour d'Anduze.

Parking au temple de Boisset.

De là on se dirige au nord  par un charmant chemin (balisé jaune) qui rejoint la D910 (route entre Anduze et Alès). Il faut emprunter à droite  cette départementale sur 300m environ et la traverser (avec prudence) pour ensuite enchaîner chemins et petites routes direction nord/est vers le hameau du Mazelet.

 

  Il domine le Gardon et Anduze dont on peut apercevoir la tour de l'horloge, le temple, les petites rues, ainsi que le rocher de Saint Julien (285m) et au fond le Capelan (379m)...

C'est aussi un endroit parfait pour pique-niquer!

Ensuite, on redescend vers la départementale, qu'on traverse pour reprendre le chemin balisé jaune de l'aller sur 100m environ. de là il faut s'orienter sud/ouest vers l'Arbousset par une petite route puis retrouver un autre chemin balisé en jaune qui va nous conduire jusqu'à l'ancien fort de Pouillan

...d'où l'on a une jolie vue sur le château de Tornac (XVIè siècle) de l'autre côté du Gardon: tous deux assuraient la protection d'Anduze. 

Enfin on rejoint Boisset et son magnolia en fleur. 

       J'avais entendu Djemila Benhabib parler à la radio et son énergie m'avait donné envie de lire son dernier livre. Dans L'automne des femmes arabes elle dresse un bilan personnel  des révolutions en Tunisie et en Egypte: deux pays où elle s'est rendue plusieurs fois; deux pays où les femmes ont connu par le passé des situations différentes, les femmes tunisiennes ayant bénéficié dès les années 50 de droits bien supérieurs aux autres femmes arabes.

       L'auteur montre les difficultés grandissantes que connaissent les femmes: de plus en plus contraintes de se soumettre à une idéologie de la "pureté", de la "famille", par les frères musulmans (dont la maimise est soutenue par le Qatar) qui s'attirent la soumission de l'entourage familial par des petits "cadeaux". Les petites filles sont peu à peu conditionnées dès leur plus jeune âge, comme cela se passe déjà en Afghanistan.

(...) des petites écolières qui portaient déjà le niqab, privées de cours d'art, de vacances, de sorties scolaires, de camps d'été et de télévision.

       De plus tout est fait pour porter atteinte à l'intégrité du corps féminin: bien sûr le port du voile et ce qu'il entraine de dépersonnalisation mais aussi une proposition de loi abaissant l'âge du mariage à 14 ans; bien sûr les agressions sur les femmes non voilées mais aussi les mutilations génitales ou les tests de virginité pratiquées sur les manifestantes de la place Tahrir arrêtées en Egypte.

Il ne suffit plus aux islamistes de déposséder les femmes de leurs corps, de verrouiller leur sexualité, de les dépouiller de leur identité et de les expurger de l'espace public, ils brandissent ces ombres couvertes des pieds à la tête  comme des trophées. Le visage est le siège principal de nos sens et de notre expressivité, un outil qui rattache chacun d'entre nous, une porte ouverte sur soi et sur le monde - rien de moins que la première voie d'accès à l'altérité.

       Cette situation a ses effets pervers: pour être tranquilles des femmes acceptent de se soumettre, de se punir, comme s'il s'agissait d'une loi naturelle...!

Noyées, résignées, passives, elles continuent de creuser l'abîme dans lequel crèvent des millions d'autres femmes.

       Un livre inquiétant. Pour toutes les femmes.

J'ai pu lire les commentaires... je ne peux toujours pas y répondre...

Merci et bonne semaine!